Les nominations de certains ministres aux convictions idéologiques très prononcées, après 2011, dans le département de l’éducation ont été catastrophiques. N’eussent été l’abnégation et le civisme de nombreux cadres de ce ministère, les dégâts auraient pu être plus graves encore. D’où l’inquiétude actuelle des parents et des pédagogues dans la conjoncture que connaît le pays et qui se caractérise par les tractations fébriles en vue de former un nouveau gouvernement.
En attendant, les yeux de tous les Tunisiens qui s’intéressent au devenir de nos futures générations sont rivés sur le poste qui sera accordé au nouveau locataire du boulevard de Bab Benat.
Poste délicat par excellence, le ministère de l’Education exige un traitement à part. Pour beaucoup d’observateurs, la mission devrait être confiée à une compétence exempte de tout reproche et indépendante de toutes les interférences politiques ou partisanes.
Le futur responsable de ce Département doit être capable d’assumer pleinement son rôle et disposer de toute la latitude qui lui permettra de mettre en œuvre les réformes urgentes qui s’imposent. Et ce, dans les plus brefs délais. Car le secteur de l’éducation n’a fait que différer toutes les tentatives de rénovation ou de mise à niveau. Depuis au moins une décennie, tout tourne au ralenti.
Une éventuelle réforme du système
Une perte de temps énorme a été enregistrée au plan des restructurations à introduire. Des années et des années ont été passées à la recherche des moyens et outils pour mettre en place les mécanismes nécessaires pour un réel aggiornamento. À cet effet, des dizaines, voire des centaines d’heures ont été consacrées à la recherche des recommandations et des visions pour une éventuelle réforme du système éducatif. D’importantes sommes d’argent ont été, également, dépensées pour tenir des dizaines et des dizaines de rencontres et de réunions. À la fin, tout a été consigné sous forme de documents qui dorment, aujourd’hui, sur des étagères.
Ainsi, donc, tous les efforts consentis sont tombés à l’eau. Les moyens matériels à mobiliser (pas moins de 4.000 milliards de millimes) sont-ils suffisants pour expliquer le blocage de la réforme tant attendue ? D’aucuns le pensent. Mais il y a plus important. Les réticences sont, aussi, ailleurs. Elles relèvent de l’opposition de certaines forces politiques et de l’absence d’une volonté réelle de changement.
L’enjeu étant de taille, il n’est pas dans l’intérêt de certaines parties influentes de laisser faire sans laisser leur empreinte dans les orientations à donner à notre système éducatif. C’est parce qu’on a trop politisé le débat que la machine est, actuellement, grippée. Les forces de blocage sont, toujours, actives. Il faudrait un coup de pouce sérieux pour remettre la machine en marche et parvenir à doter notre pays d’un système éducatif revisité.
Si beaucoup d’indicateurs sont, aujourd’hui, au rouge c’est, entre autres, dû au flou et au manque de visibilité. De plus, on déplore cette vision stratégique que devrait requérir un tel secteur.
En tout cas, le futur ministre de l’Education aura, bien sûr, la lourde tâche de sauvegarder ce qui peut encore l’être et continuer l’œuvre déjà entreprise, dans le cadre de la continuité de l’État.